Marine demande à Brice si elle peut essayer le fauteuil bleu, s’installe pendant que Caroline opte pour le Rose pâle, étrangement délaissé, malgré une promesse chromatique engageante 

Punita : Bonjour je suis toute nouvelle ici, et il est temps de mettre un coup de pied dans la fourmilière ! 

Brice : Comment ça ?! 

Punita : Beh tu ne trouves pas qu’on voit que toi ? Pas que je veuille qu’on me voie (d’ailleurs je n’y tiens pas) mais une autre tête, un autre genre, d’autres idées, tu es fini mec. 

Brice : Tu as raison mais l’ancien temps tu sais, il est robuste pas justifiable pourtant mais bon… Je tiens néanmoins à poser la première question ! (Brice prenant une grande inspiration) Moi je trouve que le Roller Derby ça fait trop américain, pas vous ? 

Punita (tentant de limiter la casse en début d’entretien) : Un sport né aux Etats-Unis dans les années 70, créé par des femmes pour des femmes, et aujourd’hui ouvert aussi aux trans et non-binaires à implanter dans le Gers, pas une mince affaire, nope ? 

Marine : Ruralité et progressisme ça fait antagoniste de prime abord, mais ce sont deux parents parfois fâchés mais pas incompatibles ! Loin de là, suffit de regarder le succès que notre association/club connaitra dès sa création. Rien n’était clairement défini mais c’est peu de le dire, quelque chose sommeillait. On commence par se réunir quelques-unes, dans une mixité choisie, à la libraire de la Méridienne. Parmi les primo-réunies, Mathilde, jouait au Roller-Derby auparavant… Une autre candidate désirait y jouer sans connaître. Et ce sport se définit aussi au travers de valeurs, inclusives, féministes, bienveillantes il n’en fallait pas moins pour « enchausser » le pas. 

Caroline : Derrière c’est un afflux inattendu de personnes intéressées. Pour une majeure partie, n’ayant jamais enfilées de patins ou devrai-je dire des quads ! 

Brice : A Marsolan, il est autorisé aux quads d’emprunter certains parcours rando. C’est d’autant plus cool que ce coin de territoire est d’une beauté païenne frappante ! On peut même y cueillir des tulipes…. 

Punita Néo-salvatrice : Brice tu n’es abonné qu’à Universalis on-line ? 

Brice : Y-a-t-il un problème à avoir raison ? 

Punita : Les quads ce sont des patins avec deux roues de front et un frein à l’avant et deux roues à l’arrière, comme un quad mais pour les pieds. Bravo en tout cas, et finalement vous comptez combien de joueuses ? 

Caroline : Très rapidement une trentaine, âgées entre 16 et 60 ans. Aucune diplômée à l’heure actuelle pour assurer des cours pour les plus jeunes, on aimerait, on verra. Mais là n’est pas le cœur vibrant de notre action aujourd’hui. Il y a donc un espace de parole, d’échange pour aborder ensemble et dans un climat sain des questions, des problématiques de société touchant au féminisme et [consorts]. Ensuite il y a le sport ! Et tout ceci s’imbrique avec beaucoup de justesse, c’est sûrement cette cohérence qui a attiré autant, si vite. 

Brice : Moi j’ai longtemps joué au rugby avec je dois dire un certain talent. J’ai personnellement une préférence certaine pour les sports de contact. Respecter la règle tout en affrontant ! 

Punita : C’est une question ou une autobiographie ? 

Marine (diplomate ou crème) : Il y a du contact au Roller-Derby, c’est même l’essence du jeu. On est protégé au niveau des genoux, coudes, poignets et tête voire arrière-train avec des mousses, c’est vous dire qu’on va au tapis souvent, enfin, directement sur le revêtement synthétique des gymnases. Attention aux raccourcis ! Les règles sont nombreuses, côte à côte elles occupent 80 pages d’un large manuel, écrit en anglais. 

Brice : Vous connaissez google traduction, j’ai découvert ça ! J’ai traduit en espagnol, pour un ami, les paroles des Tontons Flingueurs ! 

Punita : Encore une question, décidemment le Pulitzer te tend les bras à ce rythme ! En parlant de prix, vous en êtes où de votre Palmarès ? 

Caroline : Beh pas peu fière en vérité ! En 2023 on finit 5ème sur 8 pour notre première participation au trophée Choco. En ayant gagné contre Albi, Nîmes, Montpellier, Toulouse, donc des confrontations face à de grandes villes qui tournent à notre avantage c’est gratifiant ! 

Brice : On ne sait même pas comment vous vous appelé ? 

Punita en aparté : Vous notez le progrès, il pose des questions durant une interview ! 

Marine : Les Brutales Rurales ! 

Brice : Ça sonne bien, j’ai l’impression que ça rime. 

Punita : Tu as vu juste Bernard Pivot ! Et j’ai cru apercevoir sur votre Instagram @rollerderbygers des noms de joueuses plutôt délirants ! 

Caroline : On a un florilège bien saucé oui : Satanus, MC Stite, Lucifesse, Brad pit Boule, La Rouxste, Floc Off, Gouine Elisabeth… 

Brice (ne coupant pas la parole) : Ahahahahhah ! et.. et… Citro’haine ! 

Marine : Héhé… Pour revenir à la pratique pure du sport. En résumant à la machette, chaque équipe est composées de 15 joueuses, 5 étant sur le terrain, les autres prêtes à apporter de la fraicheur ! Les deux formations sont ensemble sur le même espace : une piste elliptique inclue sur la superficie d’un terrain de handball. Une jameuse (1 par équipe) va tenter de franchir les 4 bloqueuses adverses, et vive-versa pour l’autre équipe. Les quads outils indispensables de ce sport, emmènent vitesse, intensité et contact d’autant plus spectaculaires ! Enfin un climat bienveillant est au cœur de la création du sport, en témoigne la présence de nombreux.euses arbitres, supérieur.e.s en nombre à l’ensemble des joueuses.  

Punita : Et on part pour combien de temps ? 

Brice : quinze jours pour bien décompresser, sinon tu ne coupes pas, t’y arrive pas 

Soupir général voisinage compris 

Caroline : Les matchs officiels durent 1h, mais ces délais peuvent d’allonger fonction des temps morts et autre subtilités activées par les équipes. Chaque mi-temps est composée de jam dont la durée standard est de 2 min. 

Brice : C’est bien beau tout ça, mais on peut vous voir quand à l’œuvre ? 

Caroline : On organise le dimanche 21 avril le Tournoi Sol. Nous y inviterons deux équipes avec d’ores et déjà nos « marraines » les Pink Bloc de Toulouse. Un temps de confrontation sportive et amicale avec une équipe amie. Il y aura buvette, restauration et même un peu de merchandising des Brutales. Autre manière de nous voir beh venir à nos entrainements en semaine (les mardi et vendredi ?). Mais ce n’est pas tout mais ce n’est pas tout… 

Brice : La tactactique du gendaaaaaaarme, c’est de…. 

Punita (sauvant les meubles en plein naufrage) : N’en déplaise à Mr Bourvil et cette remarquable culture dont tu nous abreuves Brice. C’est pas tout… mais encore ? 

Marine : Il faut venir danser au Roller Disco ! La troisième édition c’est pour décembre 2024 à Fleurance cette fois-ci. Ouvert à tous.tes, vous enfilez des patins et partez tourner et danser. Sur le podium un.e Dj balance son tempo et à l’autre bout la buvette déverse ses consos. Le climat est au beau fixe, inclusif, gourmand et ça dure dans la nuit. 

Brice et Punita d’une seule voix : comptez sur nous ! 

Brice : Plus tôt vous parliez de féminisme, outre le sport de contact, vous menez des combats ? 

Marine : Depuis notre création !  L’association qui porte le club s’est rapprochée du planning familial, du café féministe d’Auch, de Solidair’, de l’asso Les Sorcières à Auch. Nous avons organisé la toute première marche féministe sur Fleurance en 2023 et cette année nous participerons à la marche des fiertés à Auch. 

Punita : Quel travail, quel bel engagement, quel succès, quel courage 

Brice : Quel beau maillot jaune et noir ! Quelle chanson vous définit ? 

Caroline et Marine : Nous définir pas vraiment mais quand on rentre sur le terrain avant un match on se présente en musique. Notre choix c’est tourné naturellement vers Gravé dans la Roche ! ou hasardeusement mais en tout cas on adore. 

Brice (dans les mercredis de l’Histoire) : La devise de Fleurance : Fleurance fleurissait, Fleurance fleurit, Fleurance fleurira. Entre votre logo, votre histoire en train de s’écrire et votre domiciliation dans cette ville, tout semble concorder. 

Punita : Tu progresses ! Tu te déconstruis aussi ?… Bon on ne va pas trop en demander si vite. En tout cas bravo et à bientôt. 

Nos deux ambassadrices des Brutales Rurales filèrent car un train les attendait et pas des moindre le Progrès Social ! En plus à l’office les portes s’ouvrent toutes seules, automatiquement.