Batduck

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Les inconnus

Dans la nuit noire, dans la nuit noire et obscure, obscure et sombre… Isabelle… 
Sylvain coupait le son de sa radio, avec Rémi ils avaient rendez-vous dans la grotte du tourisme, l’Office !

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Quelques instants plus tard nos deux protagonistes avait rejoint Brice, et tout trois choisirent un café des plus noirs qui soit. 

Brice : La spéléologie m’a toujours attiré et effrayé un peu comme un cheval noir mal débourré. 

Rémi : C’est un peu la même chose pour tout le monde. La peur du noir, s’enfoncer dans les entrailles de la terre, tout ceci excite les scénarios les plus fous. Jules Verne dont l’imagination s’est avérée parfois divinatoire, a bien participé à entretenir le mythe des profondeurs !  

Brice : Donc vous n’avez pas trouvé l’entrée d’un monde parallèle ? 

Sylvain : On ne le cherche pas et on peut vous affirmer qu’il n’existe pas. Par contre l’environnement des cavités, ce monde de tunnel, salles, puits est lui un lieu à part. On y pénètre par une faille, un puit, un effondrement, une porte naturelle, comme une gueule ouverte prête à nous engloutir… 

Brice : AAAAAAAAAHH ! Pardon je me projette toujours beaucoup. Ça me fait penser, vous vous lancer comment dans ces descentes infernales ? 

Rémi : On a tout un attirail, qui pourrait d’ailleurs se confondre avec l’équipement d’escalade. Mais en escalade on a des cordes pour le choc, nous elles sont faîtes pour progresser. Au final on descend très facilement. Ensuite, aussi étrange que cela puisse paraître il faut remonter. Pas de panique, le système de cordage que nous employons permet de grimper avec un effort minime. On ne va pas vous dire qu’on ne fatigue pas, bien au contraire, mais cela tient surtout à la concentration et aux calculs minutieux des gestes. 

Brice : Aiguisé comme une lame, pointu comme un couteau !… 

Sylvain : Oui il faut être dans l’optimisation, question de confort et surtout de sécurité. Avec l’équipement actuel, lors de nos sorties, on est passé de 7 à 3 heures. Plus rarement on pousse le plaisir à rester dormir sous terre, plus fréquemment on y reste au moins manger. 

Brice : Il y a une mode de restaurant dans le noir, mais ils n’avaient rien inventé… 

Rémi : Une fois qu’on s’enfonce dans ce monde, on quitte la surface et notre quotidien comme un claquement de doigt. L’accoutumance à cet abandon total vous prend vite. On évolue en partie dans le noir, entre rocaille, eau souterraine, et tunnels parfois étroits. Rien ne ressemble à ce que l’on vit au quotidien, psychologiquement s’est aussi un pur plaisir ! 

Brice : Une drogue inoffensive humide et foncée…. Hummm…. Du caviar !!!! 

Sylvain : Non la spéléologie, dommage, vous y étiez presque. 

Brice : Revenons à votre club, à combien se comptent vos effectifs ? et niveau mixité, au cordeau ? 

Sylvain : On oscille entre 10 et 15 membres depuis notre création. Et nous pouvons afficher un honnête 25/30% de femmes, beaucoup occupant des postes de dirigeantes si l’on étend au monde de la spéléo. 

Brice : Alors tout ce beau monde file façon Batman, se retrouver dans un environnement hostile, vue de l’extérieur, qui finalement s’avère être un paradis noir. Vous y faites quoi ? En dehors de la pure progression sportive. 

Rémi : L’une de nos activités est scientifique et consiste en la topographie des galeries. L’un ou l’une de notre club va se charger de noter, dessiner, mesurer, aidée depuis peu du télémètre. Cet outil révolutionne les relevés, et offre facilité et précision en un temps record ! Si vous voulez creuser le sujet, allez à l’Office de Tourisme consulter l’ouvrage “Spéléologie en Gascogne”. Vous y découvrirez le résultat des explorations menées dans le Gers. 

Brice : Et les enfants, ils ont peur du noir, la spéléologie c’est “redflag” du coup ? 

Rémi : Justement depuis 2022 on a conventionné départementalement avec l’éducation nationale. Donc on intervient dans les écoles primaires, à la suite d’un travail de sensibilisation à la pratique menée en amont par les professeurs. Ensuite c’est tapis rouge pour nous, on a plus qu’à faire rêver avec nos histoires du monde du dessous. Dans un second temps on anime des sorties sur le terrain.  

Rémi : Avec du petit corps, de petit passage deviennent grands, c’est la mécanique des fluides… 

Sylvain : On n’est pas vraiment sur ce genre d’objectif. C’est de la découverte ludique et facile, pas de danger que du plaisir. 

Brice : Et les grands qui voudrait s’initier, on en fait quoi ? 

Sylvain : Notre club est ouvert à tou.te.s, il suffit de nous contacter. Si vous avez votre licence de la fédé, là c’est dès quand vous voulez sur chacune de nos sorties. SI malheureusement vous n’avez pas souscris à la fédé par inadvertance, on s’arrange, selon notre programme on voit si la prochaine sortie vous est accessible (on ne vous promet rien là). En tout cas faire une initiation c’est dans nos cordes. 

Brice : C’est un prénom Initiation ?! 

Sylvain : Toujours pas. Le principe est simple, il s’agit de découvrir une activité sans engagement. Nous menons ce genre d’action, notamment pour la Journée Nationale de la Spéléologie qui se tient systématiquement le premier weekend d’octobre. Venez-vous ne serez pas déçu, on en profite pour donner accès à des lieux insolites.  

Brice : J’adore l’insolite, je ne vis que pour des grands moments privilégiés. Ces instants fragiles mais uniques où la vie nous rappelle à sa toute-puissance. L’expérience est au cœur de tout, on vit pour et on court après. Elle est le sel et nous sommes sans goût, relevons-nous ! 

Rémi : Nous on réussit l’incroyable paradoxe de vous relever en descendant ! Durant nos sorties en moyennes c’est 200m sous terre, 350m max au-delà cela demande une préparation tout autre, on dit que le cap des 400m induit une difficulté bien plus grande.  

Sylvain : Aujourd’hui on reste effectivement sur des descentes qui n’excèdent 350m, sauf exception pour spéléo confirmés. Sinon on s’oriente de plus en plus vers des micro-séjours de 4,5 jours. Des camps où l’on fait une sortie journalière et le soir c’est retour d’expérience et tranche de lard ou de légumes, selon les régimes. 

Brice (soudainement déguisé en chauve-souris) : Vous nous aimez ? 

Rémi et Sylvain : Oui beaucoup, d’ailleurs on respecte vos périodes d’hibernation (entre novembre et mars). Là il faut être vigilant, car notre température corporelle à laquelle elles sont sensibles, les ferait sortir pensant, que la saison se fait plus douce. 

Brice (particulièrement souple) : Vous êtes des serpents ? 

Rémi et Sylvain : On évite de les perturber et limite nos sorties dans l’hiver. On croise d’autres « bébettes », des araignées, des salamandres, des petits mollusques. Une fois arrivés à une certaine profondeur, la vie se raréfie et l’on se retrouve seul avec la roche et Gaïa. 

Brice : L’idée de sonder les tréfonds superficiels de notre planète, et rechercher la sortie qui était l’entrée il y a quelques heures. Manger à l’aveugle et se prendre pour Batman. Il y a là pas mal de rêves d’enfant. Comptez sur moi en pour les Journées Nationale de la Spéléologie !  

Nos trois compères du jour prirent congés les uns des autres. Brice ferma les volets et éteint les lumières du travail pour tenter de rédiger cet article dans les conditions du sport, quel Mike Horn en puissance ! 

Pour découvrir le monde souterrain en reste à l’air libre, suivez le sentier Karstique. Un itinéraire de Rando, de 8km avec des témoignages surprenants de l’activité souterraine. Le mieux, s’armer de la brochure en vente à l’OT (2€) pour tout savoir et comprendre. 

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